Ce vendredi 11 octobre, nous avons proposé au Ciné-club du CRIC le film « Le Jeu de la mort, la zone Xtrême », réalisé par Christophe Nick en 2010.
Le film se présente sous la forme d’une émission de télé-réalité fictive où des participants, encouragés par un animateur et un public complice, sont invités à infliger des décharges électriques à un candidat chaque fois qu’il donne une mauvaise réponse.
Cette œuvre est une réinterprétation moderne et spectaculaire de l’expérience de Milgram, une célèbre expérience de psychologie sociale menée par Stanley Milgram dans les années 1960, qui cherchait à mesurer le degré d’obéissance des individus face à une autorité, même lorsque cette obéissance les pousse à commettre des actes moralement répréhensibles.
Dans le film, le candidat « souffre » visiblement des chocs électriques et bien que les participants puissent voir et entendre sa détresse, ils continuent majoritairement à augmenter l’intensité des décharges, obéissant aux ordres donnés par l’animateur.
Comme dans l’expérience de Milgram, la plupart des participants sont incapables de s’opposer à l’autorité, même lorsqu’ils reconnaissent le caractère destructeur de leurs actions. La mise en scène du jeu et l’atmosphère de la télé-réalité ajoutent un élément de pression supplémentaire, car l’illusion de la normalité et la complicité du public neutralisent les réticences individuelles.
Qu’avons-nous retenu de ce film et des échanges avec le public du CRIC ?
« Le Jeu de la mort, la zone Xtrême » est une réflexion puissante sur les mécanismes de l’obéissance et de la soumission à l’autorité.
Le film illustre la fragilité de la conscience individuelle face à la pression collective et à l’autorité institutionnelle. Le décor, l’animateur omnipotent et les applaudissements du public représentent le pouvoir normatif des institutions modernes.
Ainsi, les médias sont capables de créer un environnement où le jugement moral des individus s’éclipse devant la volonté d’un groupe dominant.
Le parallèle avec l’expérience de Milgram se manifeste dans l’idée que l’autorité peut déresponsabiliser les individus.
Milgram a montré que, dans certaines conditions, des personnes ordinaires peuvent devenir complices de la souffrance d’autrui sans ressentir un sentiment de culpabilité, car elles transfèrent cette responsabilité à une figure d’autorité.
Dans « Le Jeu de la mort », cette autorité est incarnée par l’animateur, symbole d’une société médiatique où l’illusion du divertissement masque l’horreur des actes commis.
L’émission symbolise ainsi une mise en abîme de notre société moderne.
Sous le vernis d’un jeu télévisé divertissant, des comportements moralement inacceptables peuvent émerger banalisés par la pression sociale et la soumission à l’autorité.
L’expérience de Milgram démontrait déjà que l’obéissance aveugle pouvait conduire à des actes cruels, mais en transposant cela dans le contexte d’une télé-réalité, le film illustre de façon encore plus frappante à quel point ces mécanismes peuvent être exacerbés par les médias modernes.
La zone extrême désigne non seulement la violence que les participants sont capables d’infliger, mais aussi les zones d’ombre de la nature humaine.
Le film met en lumière un décalage troublant entre les valeurs morales que nous prétendons défendre et les actions que nous pouvons commettre.
« Le Jeu de la mort, la zone Xtrême » nous rappelle que la pression sociale et institutionnelle peut transformer des individus ordinaires en instruments de violence.
Le film et l’expérience soulignent la nécessité de questionner les formes de pouvoir auxquelles nous nous soumettons et les conséquences sur notre propre humanité.
Ce film est donc une mise en garde contre la facilité avec laquelle l’homme peut se laisser guider vers l’inacceptable…
– Fabrice Ciaccia, Directeur du CRIC
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