En 2023, la Belgique s’est hissée à la cinquième place du classement européen en matière d’égalité de
genre, une progression de trois places par rapport à l’année précédente. Cette amélioration est principalement due à de bonnes performances dans les domaines de l’égalité économique et des avancées significatives dans la prise de décision économique et politique. L’Institut se réjouit de cette progression, mais remarque toutefois que, derrière ce score global encourageant, subsistent des disparités importantes. Les soins non rémunérés et les activités de loisirs continuent d’être
répartis de manière inégalitaire, et la ségrégation professionnelle pénalise encore les carrières des femmes sur le marché du travail.

Plusieurs études menées par l’Institut en 2023 mettent en lumière ces inégalités persistantes. L’analyse de la dimension de genre dans le système de pension belge révèle que les femmes perçoivent une pension en moyenne 26% inférieure à celle des hommes. L’étude consacrée à la répartition des congés et formules d’aménagement du temps de travail confirme que les femmes constituent toujours la majorité des utilisateur·rice·s de congés liés aux soins et qu’elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes à prendre un congé parental ou un congé pour assistance médicale.

Certes, on constate des évolutions positives sur le terrain de l’égalité. Les pères et coparent·e·s se disent
majoritairement favorables à ce que le congé de naissance soit rendu obligatoire, comme le soulignait l’étude de l’Institut à ce sujet. Le nombre de congés parentaux pris par des hommes a été multiplié par 10 en 20 ans. Cette évolution se reflète également au niveau du cadre juridique, avec la transposition en droit belge de la Directive européenne Work-Life Balance. Depuis janvier 2023, la Loi Genre inclut le critère des « responsabilités familiales », offrant ainsi une meilleure protection à toutes les personnes, quel que soit leur genre, assurant des responsabilités de soins.

Ces progrès, lents pour certains, se heurtent toutefois à un contre-mouvement toujours plus virulent, où des voix antiféministes, masculinistes, ultra-conservatrices essayent de plus en plus d’imposer leur agenda dans l’espace médiatique et plus particulièrement sur les réseaux sociaux. Ces mouvements, qui cherchent à contrer les progrès en matière d’égalité de genre et à restaurer un modèle de société sexiste, menacent ainsi les acquis des dernières décennies.

L’Institut restera fermement engagé à lutter contre toutes les formes d’inégalité de genre et à œuvrer pour une société plus juste, inclusive et égalitaire.
Caroline Deiteren
Présidente du conseil d’administration

Source : Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes