Ce week-end, un ami m’a partagé deux clichés pris à la sauvette qui m’ont fait du bien à l’âme. On y voit une femme, que l’on imagine aisément jeune et issue de l’immigration, enfourchant une de ces trottinettes électriques mises à disposition par la ville pour les déplacements intra-urbains de ses concitoyens.
Si vous n’y voyez rien de particulier, tant mieux. C’est que vous avez déjà parcouru un certain chemin dans le processus de déconstruction des représentations. Mais si comme moi, et malgré votre sensibilité inspirée, vous y voyez encore quelque chose de notable, de beau, d’inspirant, j’aimerais vous partager ma réflexion…
Qu’a-t-elle de si spéciale cette photo ? Simple. Elle illustre parfaitement l’un des trois C de l’intégration (le plus intéressant de surcroit). Pour rappel, cette théorie des 3C qui agit à la manière d’un réducteur de complexité (comme disaient mes gourous), expose trois attitudes fréquentes d’un individu face à une nouvelle situation, culturelle pour le coup. Et ce, qu’il soit « le nouvel arrivé » ou « le local qui accueille ». Voyons….
Première possibilité, la CONSERVATION de son patrimoine, où la personne ne cherche pas à étudier les nouvelles propositions qui lui sont offertes et préfère se réfugier dans ses habitudes, ses propres référents quitte à s’isoler ou à faire bloc.
Deuxième possibilité, le CONFORMISME. Dans ce cas, l’individu accepte et adopte toutes les références, règles et coutumes de son nouvel environnement sans rechigner et au risque de perdre une partie importante de son identité.
Enfin, troisième possibilité et c’est celle qu’illustrent ces photos : la CRÉATIVITÉ. Phénomène idéal, la personne, sur base de ses propres référents ET des nouveautés qui lui sont proposées va imaginer quelque chose de nouveau, un cadre hybride dans lequel évoluer et se développer sans créer de fragmentation identitaire.
Une jeune dame d’origine étrangère qui utilise en toute confiance et naturellement les infrastructures novatrices de sa ville. Une jeune dame que beaucoup, aveuglés par leurs préjugés, imagineraient coincée chez elle, retenue prisonnière par de présupposées traditions oppressives, empêchées de s’émanciper par une cité et une population hostile. Et bien NON ! Les mentalités changent… en vrai… petitement mais certainement…
C’est à cela précisément que travaillent nos équipes. Pas à l’assimilation forcée ou l’inclusion brute, pas au repli (évidement) ou la cohabitation plus ou moins bancale des communautés mais bien à la création de fonctionnements nouveaux, j’oserais dire : postmodernes.
Pourquoi ? Car le postmodernisme (en art en tous cas) consiste en l’explosion des codes et de toute hiérarchisation. Le bon, le moins bon n’existe quasiment plus. Les règles vieillottes (voir les habitudes) sont transgressées par des esprits aventureux qui désirent aller voir ce qu’il y a après. Or, nous avons cruellement besoin d’aller voir ce que l’avenir nous réserve. Quelle sera cette société de demain que nous serons capables de créer ensemble ? Celle qui s’abolira de règles et d’habitudes sordides ? Celle qui remettra l’humain au centre de l’attention quelle que soit sa religion ou sa couleur de peau. Cette future cité où chacun trouvera/créera sa place d’égal à égal sans perdre sa substance, sa saveur propre ! Ceci n’est plus un rêve : c’est une réalité en marche, à nous d’y travailler encore et encore !
– Fabrice Ciaccia, directeur du CRIC
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