Des maisons de quartier et des centres communautaires de la région de Charleroi, Médina Set, Dima Rêves et le CRIC présentent « Radicalisme & Résilience sociale », une conférence débat avec Hacène Belmessous et Hassan Bousetta.
- Le mercredi 1er juin 2016
- de 14h à 16h
- Dans la salle Rose du CRIC
rue Hanoteau, 23 6060 GILLY
Programme
- 14h00 : Ouverture
- Présentation de l’étude de Hacène Belmessous, chercheur indépendant et essayiste (Paris)– spécialiste de la recherche académique sur la violence urbaine et les révoltes sociales : Résilience sociale et affirmation de soi
- Intervention de Hassan Bousetta, sociologue, professeur à l’Université de Liège (ULG)
Débat et parole à la salle
P.A.F. Libre
Infos et réservation :
espacemedinaset@gmail.com
Contacts
Aziz : 0488.80.80.88.
Extraits de l’avant -propos
Résilience sociale et affirmation de soi à Vaulx-en-Velin, de l’impasse sociale à une trajectoire ascendante de Hacène Belmessous
Dans le cas de notre recherche, ce constat d’une impasse sociale qui a rendu cet individu vulnérable dans la sphère publique nécessite la définition d’un problème social, c’est-à-dire de cerner à travers des entretiens ce qui l’a conduit à articuler un problème social avec une impasse sociale et à s’engager dans un processus de résilience. Notre problématique s’intéressant aux trajectoires sociales contraintes dans une commune, Vaulx-en-Velin, dont les habitants, principalement les plus jeunes, souffrent d’une multitude de difficultés répertoriées depuis un temps déjà dans différents rapports d’études et d’enquêtes (discriminations, ségrégations, relégation, racisme), nous avons décidé d’accoler le qualificatif social au mot résilience tant la dimension territoriale occupe une place stratégique dans la lecture de ces trajectoires de vie. […]
Hacène Belmessous était déjà venu à Charleroi le 31 mai 2013 pour présenter son ouvrage « Sur la corde raide, le feu de la révolte couve toujours en banlieue », dont voici des extraits:
« Après avoir conduit des entretiens dans le quartier de Gilly à Charleroi, près de Bruxelles, nous poursuivons notre enquête à Tottenham, un vaste quartier situé dans le nord-est de Londres. Ces deux territoires ont connu de violents affrontements entre des jeunes habitants et la police en avril 2011 à Gilly et en août 2011 à Tottenham. Les déclencheurs de ces révoltes sociales sont similaires à ceux de l’automne 2005 en France : dans chacun de ces quartiers, elles se sont déclarées après le décès d’un jeune lors d’une intervention policière. (…)
A Charleroi comme à Londres, les résidents d’origine extra-européenne – nous pensons aux personnes d’origine marocaine à Gilly et à cet ensemble hétéroclite noir et métis constitué de natifs de Jamaïque, du d’Afro-Caribéens, du Nigéria, etc. à Tottenham – s’estiment en marge de la vie démocratique, réduits à n’être que des individus de seconde zone sans destin si ce n’est celui de leur finitude dans ces ghettos de pauvres. D’évidence, les politiques d’austérité conduites sous le joug des marchés dans ces deux pays, articulées presque exclusivement autour de coupes budgétaires dans les politiques sociales, éducatives et culturelles et dont on sait qu’elles constituent pourtant des filets sociaux importants pour les habitants de ces lieux, ne font que nourrir le terreau de la révolte. Dans ces lieux qui ne dialoguent plus, Gilly est en cela exemplaire. On reste frappé à relire les commentaires des uns et des autres sur l’impossibilité même d’un dessein collectif. D’un côté, des individus frustrés et plein de rage car empêchés de se faire une place dans la société belge – un terme qui mériterait d’être discuté tant, d’une part, il a aujourd’hui peu de sens et, d’autre part, les fractures linguistiques et identitaires entre les Wallons et les Flamands suscitent en permanence des débats et des polémiques. Mais on peut noter que l’esprit d’une « entité sociale belge » qu’il faut préserver se concerte autour d’un consensus Wallons/Flamands gouverné par la peur de ces jeunes et du mode de vie des musulmans. Bref des individus qui se pensent dans leur communauté d’origine tant qu’ils n’existent que par elle.
Et de l’autre côté, le politique qui subordonne l’existence d’un Etat juste à la condition que ces individus minorisés deviennent des citoyens. Par conséquent, nous avons affaire à des sociétés anglaise et belge émiettées, fragmentées, avec de nombreuses similitudes avec ce qu’on observe en France si l’on reste dans une interprétation sociale de ces révoltes. »
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