Ce rapport répertorie des pratiques de mentorat et de coaching à l’emploi prometteuses en Europe et en Amérique du Nord, avec une étude de cas consacrée à la Belgique. Le mentorat – une personne expérimentée qui coache ou conseille un partenaire ou un pair plus jeune – est de plus en plus considéré en Europe comme un instrument permettant d’améliorer l’insertion sur le marché du travail des personnes défavorisées. Cependant, la portée, les méthodes et la continuité des initiatives de mentorat varient considérablement en fonction du contexte national et local et dépendent d’un grand nombre d’acteurs et de circonstances.
La participation au marché du travail est un levier essentiel dans le processus d’intégration des personnes d’origine étrangère dans le pays d’accueil. Force est de constater cependant que la Belgique enregistre de mauvais résultats en la matière: plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la faible position de ce groupe cible sur le marché du travail dans notre pays. Ainsi, le premier monitoring socioéconomique, publié en 2013 par le SPF Emploi et le Centre interfédéral pour l’égalité des chances, indique que le taux de chômage est le plus élevé en Belgique pour les personnes issues d’États candidats à l’UE (Macédoine, Croatie, Turquie) (23,9 %) et d’origine maghrébine (25,9 %) – et ce, par rapport à la moyenne belge de 8,9 %. Le faible taux d’emploi des femmes d’origine étrangère est également à souligner: il s’élève à 41,7 %, soit 13,2 points de pourcentage de moins que celui des hommes d’origine étrangère. Depuis plusieurs années, l’OCDE pointe également la Belgique parmi les plus mauvais élèves de la classe en ce qui concerne la participation au travail de ce groupe.
Les obstacles structurels à l’entrée sur le marché du travail sont bien connus: les connaissances linguistiques, le niveau scolaire, la discrimination, des qualifications étrangères difficilement reconnues, mais aussi l’accès aux réseaux sociaux et professionnels. Tout ceci a de lourdes répercussions sur la personne même: prestations scolaires médiocres des jeunes issus de l’immigration, faibles chiffres d’emploi, dépendance à l’égard de l’aide sociale, familles vivant à la limite du seuil de pauvreté… De ce fait, la Belgique risque de perdre de nombreux talents. De plus, la compétitivité de notre économie est confrontée à un défi: en effet, nous ne réussissons pas à utiliser toutes ces compétences.
La Fondation Roi Baudouin ne pouvait rester indifférente à une problématique aussi complexe, qui pèse lourdement sur la cohésion sociale, tant actuelle que future. Elle a donc décidé de mettre en œuvre ses capacités à décloisonner les connaissances et l’expertise présentes chez les différents acteurs et les inviter à se mettre autour de la table.
Avec le projet Intégration, mode d’emploi, la FRB a cherché comment promouvoir la participation au travail des personnes d’origine étrangère en partant de son approche spécifique. La Fondation a choisi de se concentrer sur plusieurs domaines dans lesquels elle pouvait apporter une valeur ajoutée et pour lesquels il n’y avait pas encore d’études suffisantes ou d’actions efficaces en Belgique.
Le mentorat au travail est l’une de ces thématiques. Le mentorat offre aux primo-arrivants et aux migrants de longue date un lien direct avec le monde du travail, en créant des duos composés de demandeurs d’emploi et de bénévoles, professionnellement actifs ou non et désireux de jouer un rôle de modèle ou de guide. Le mentorat peut aider à mieux comprendre le fonctionnement du marché du travail en Belgique, à accumuler des connaissances sur la fonction spécifique que l’on recherche, mais aussi à se constituer un réseau plus large. Le caractère informel des duos de mentorat permet en outre aux demandeurs d’emploi de développer leur confiance en soi au sein de ce trajet.
La Fondation est convaincue du potentiel de cette approche. L’OCDE signale régulièrement que le mentorat est une bonne pratique d’intégration, tant sur le marché du travail que dans la société au sens large. Cependant, la Belgique a lancé peu de projets de mentorat à ce jour, ce qui a incité la FRB à explorer le terrain et à étudier également ce qui se passe à l’étranger. À la demande de la Fondation, la cellule de réflexion MPI Europe a étudié ce que le mentorat vers un emploi signifie aujourd’hui pour ce groupe cible, en Belgique, en Europe et en Amérique du Nord. L’étude a révélé qu’un certain nombre d’ingrédients sont nécessaires aux projets de mentorat.
Les leçons tirées de cette cartographie alimentent la réflexion de la Fondation en vue de soutenir des projets de mentorat en Belgique. Nous croyons que notre position de ‘jeteur de pont’ entre les différents acteurs du marché du travail nous permet de jouer un rôle actif dans la diffusion du concept de mentorat auprès de ces acteurs, mais aussi d’offrir un espace où tester et évaluer ce qui fonctionne.
Cette étude a inspiré un appel à projets lancé par la Fondation sur le mentorat vers l’emploi.
Source : Fondation Roi Baudouin
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