Lire La Revue nouvelle, ce n’est pas emmagasiner de l’information en plus. C’est, dans le temps maîtrisé d’un mensuel et d’une réflexion argumentée, prendre distance vis-à-vis de l’actualité. Car ce que l’immédiateté de la presse ou de la télévision conduit le plus souvent à proposer en des termes bruts ou cryptés de façon partisane ne suffit pas à saisir toutes les significations présentes dans les événements. Si une publication comme la nôtre trouve et garde un rôle irremplaçable dans la montée en puissance des médias, c’est parce que sa perspective de liberté, de compréhension et de respect, aide chacun dans l’élaboration de son jugement personnel. C’est bien là un enjeu central du débat démocratique.
– Un mensuel intellectuel dans le débat démocratique.
– Les questions de société en débat.
Qu’est-ce qu’une démocratie ?
Voilà une question qui peut paraitre étrange à qui vit dans une Belgique caractérisée par un régime particulièrement stable et réputé démocratique. Pourtant, à la lecture des analyses et commentaires relatifs aux récentes grèves, le doute s’instille quant à la compréhension de ce système, non seulement par le citoyen lambda, mais aussi par certains journalistes et politiques.
Il ne s’agit pas ici de prendre position dans l’affrontement qui se joue autour de la politique des gouvernements fédéral et (dans une moindre mesure) régionaux ou communautaires [1], mais bien de s’interroger sur la manière dont celui-ci se voit de manière récurrente dénoncé comme antidémocratique.
Le gouvernement en place est démocratiquement élu
Un premier argument que l’on entend de manière récurrente est celui selon lequel la contestation de l’action d’un « gouvernement démocratiquement élu » serait inacceptable. Outre le fait que le gouvernement n’est pas élu, mais nommé par le Roi et confirmé par un vote de confiance des Chambres, le caractère démocratiquement légitime d’un gouvernement n’empêche pas de lui opposer une résistance.
Ce caractère du gouvernement découle de sa constitution au cours d’un processus conforme au droit public et n’est pas contesté par le monde syndical. Il est un fait certain que les dernières élections législatives ont été libres, se sont déroulées de manière satisfaisante et que le gouvernement en place n’est en rien putschiste. Le droit du gouvernement à gouverner est donc incontestable.
S’il n’y a donc pas lieu de dénoncer la légitimité démocratique du gouvernement, il n’est pas davantage acceptable de réduire la démocratie à l’instauration du règne sans partage d’une équipe gouvernementale. Car la démocratie ne se limite nullement aux élections et encore moins à la désignation indirecte d’un exécutif qu’il conviendrait ensuite de laisser agir sans protester. Les lamentations à propos de la dépolitisation des citoyens, du fossé entre eux et les politiques furent suffisamment constantes au cours des dernières décennies pour qu’on se réjouisse des récents sursauts d’implication. Rappelons au passage que les terribles mesures de dégressivité des allocations de chômage décidées par le gouvernement précédent et qui vont faire passer des milliers de personnes sous le seuil de pauvreté n’ont provoqué que peu de remous. N’est-ce pas de cela qu’il convient de s’affliger, plutôt que de la mobilisation actuelle ?
Christophe Mincke
Source : http://www.revuenouvelle.be
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