Lutter contre la fraude sociale, c’est prévenir la traite des êtres humains. Ceci est le quatorzième Rapport annuel sur la traite et le trafic des êtres humains du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (ci-après : le Centre). Pour le Centre, ces rapports annuels sont un outil pour évaluer et stimuler la politique belge de lutte contre la traite et le trafic des êtres humains. Le Centre remplit ainsi sa mission légale en jouant de facto le rôle de ‘rapporteur national en matière de traite des êtres humains.
Dans son rapport, le Centre met l’accent sur les responsabilités en chaîne, depuis les donneurs d’ordre jusqu’aux sous-traitants. Il décortique, à travers des dossiers d’actualité, les mécanismes modulables sur base desquels sont édifiés des systèmes organisés de traite des êtres humains. A ce sujet, le Centre réitère l’importance de l’adoption d’une loi instaurant une coresponsabilité des donneurs d’ordre et ce d’autant plus que la législation européenne en impose l’adoption. Il estime louables mais insuffisantes les initiatives isolées prises par certains secteurs économiques exposés au risque de traite des êtres humains. Le Centre plaide donc pour que les projets actuellement en discussion se voient accorder une plus haute priorité dans l’agenda politique, afin que le travail législatif entamé en 2003 puisse enfin aboutir.
Le rapport aborde également, comme chaque année, le phénomène de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle. Il présente notamment le cas d’un dossier nigérian de prostitution (Turnhout), particulièrement intéressant en raison des liens étroits qu’il entretient avec d’autres dossiers (notamment Liège). La lutte contre ce phénomène garde toute l’attention de la police qui devrait, selon les récentes déclarations de Paul Van Thielen, Commissaire général de la police fédérale ad interim, proposer de l’inscrire en tant que priorité dans le plan quadriennal de sécurité (PNS).
Autre développement présenté lors de la conférence de presse : celui d’internet, en tant que carrefour de rencontre entre trafiquants en tous genres et victimes de la traite et du trafic des êtres humains. Selon le Commissaire en chef Wim Bontinck, du service central Traite des êtres humains de la police judiciaire fédérale, l’apparition d’Internet a entraîné une évolution des moyens de recrutement, mais elle a aussi potentiellement contribué à l’augmentation de la traite des êtres humains. Il a précisé que ce phénomène méritait une attention toute particulière à l’avenir.
Seule réponse face à la professionnalisation de la traite des êtres humains : la professionnalisation de la lutte contre ce phénomène. Celle-ci passe, selon le Centre, par trois axes principaux.
– Premier axe :
La collaboration des acteurs de terrains, permettant de « briser » les chaînes dont il est ici question. Cela implique, au niveau national, une approche globale qui transcende les arrondissements judiciaires. Cela implique aussi, au niveau international, un meilleur échange d’informations et une collaboration accrue entre les autorités des États membres.
– Deuxième axe :
La sensibilisation : celle-ci concerne les organisations patronales, les services d’inspection, les pouvoirs locaux mais aussi tous les acteurs de première ligne susceptibles, de par leur occupation, d’entrer en contact avec des victimes de la traite des êtres humains (hôpitaux, …)
– Troisième axe :
La lutte contre la traite des êtres humains doit rester une priorité. « Une attention continue du Parlement pour le suivi de la thématique « traite des êtres humains » est indispensable », estime Edouard Delruelle, qui souligne le travail effectué au sein du Sénat notamment à travers les auditions des acteurs de terrain. La traite des êtres humains doit aussi rester une priorité en matière de poursuites au niveau des parquets et auditorats : « Pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains et s’attaquer à tous les maillons de la chaîne, il faut tout d’abord que la traite bénéficie d’une priorité de suivi auprès des magistrats », conclut le directeur adjoint.
L’ouvrage est disponible au centre de documentation, sur rendez-vous, 071 / 20.98.60.
Source : http://www.diversite.be
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