- Une mobilisation essentiellement wallonne et une campagne des Centres Régionaux d’Intégration qui a fait mouche
L’échéance du scrutin du 14 octobre 2012 a redessiné le paysage politique communal de l’ensemble du pays, confirmant ou modifiant les équipes qui assureront la gestion des villes et communes durant les six prochaines années. Le moment est propice pour faire le bilan sur ce moment-clé de la vie citoyenne que sont les élections communales et, pour le secteur de l’intégration, ce bilan tourne autour d’une question essentielle : quels enseignements tirer sur la participation de la population étrangère à ces élections ?
Pour les Centres Régionaux d’Intégration, les élections communales constituent un enjeu démocratique majeur au cours duquel leur rôle est central, tant au niveau de l’information que de la sensibilisation à la participation au scrutin. L’échéance de 2012 n’a pas échappé à la règle. Se mobilisant sur l’événement autour de leur dispositif d’appui, le DISCRI, les centres d’intégration ont multiplié les initiatives visant à inviter la population étrangère à s’inscrire pour aller voter. Une grande campagne baptisée « Ma commune, j’y vis, j’y vote » au terme de laquelle il convient de faire le point sur cette inscription des électeurs étrangers au scrutin…
Grâce aux statistiques officielles diffusées par le SPF Intérieur, il est possible de se faire une idée très précise du paysage électoral belge du 14 octobre. Au niveau national, les données de départ permettent de dresser un tableau de la situation dans les trois régions du pays. Et il est contrasté. Il y a d’une part, la Flandre qui représente plus de 60% des électeurs belges, mais ne compte que 36% des électeurs étrangers. À l’opposé, il y a la Région bruxelloise qui, alors qu’elle ne représente qu’un peu plus de 7% du corps électoral belge, regroupe plus de 30% des électeurs étrangers susceptibles de voter. Et, entre les deux, il y a la Wallonie dont le pourcentage d’électeurs belges et étrangers potentiels s’équilibre autour des 30%.
Une mobilisation wallonne plus marquée
Cette opposition de situations s’est-elle transposée dans les chiffres des électeurs étrangers inscrits ? C’est la première question cruciale qu’il convient de se poser. Et la réponse est non. La moyenne nationale du taux d’inscription des électeurs étrangers s’est élevée à 17,66% (un peu plus de 141.000 inscrits sur 800.000 électeurs potentiels), mais ce chiffre dissimule une énorme disparité entre les régions. En effet, alors que ce pourcentage stagne autour des 13% tant en Flandre qu’à Bruxelles, il culmine à 26%, soit le double, en Wallonie. Et cette mobilisation plus importante se retrouve tant au sein de la population européenne que chez les ressortissants hors Union européenne.
Avec 27% d’inscrits parmi les ressortissants européens et 19% parmi les ressortissants hors Union européenne, la Wallonie affiche un bilan nettement au-dessus de la moyenne nationale (18 et 14%), mais aussi de la Flandre (13 et 14%) et de Bruxelles (13 et 10%). Plus révélateur encore, la région wallonne représente plus de 48% des électeurs étrangers inscrits, soit près d’un sur deux. On peut donc affirmer sans exagérer que la relative bonne tenue du nombre d’inscriptions d’étrangers aux élections communales d’octobre 2012 sur le plan national est largement due aux chiffres d’inscriptions en Wallonie.
SI l’on approfondit l’analyse sur la seule Wallonie, on peut noter que la population étrangère y représentait un peu moins de 10 % de l’électoral potentiel global et que, parmi ces 10%, 87% provenaient de l’Union européenne et 13% hors Union européenne. Et, au final, parmi les électeurs inscrits, près de 91% étaient des ressortissants de l’Union européenne pour un peu plus de 9% de non Européens.
Lorsqu’on met ces chiffres en perspective avec ceux du précédent scrutin de 2006 qui avait vu l’organisation de la première campagne de sensibilisation des électeurs étrangers par les Centres Régionaux d’Intégration, on constate qu’il y a eu, en 2012, une petite augmentation de la population étrangère concernée par les élections (environ 6%), couplée avec une très légère érosion du nombre de personnes inscrites au final (plus ou moins 1,5%).
Les Centres d’Intégration à la pointe de la mobilisation
Il est naturellement malaisé de mesurer les causes de la « surmobilisation » wallonne de l’électorat étranger autour de l’enjeu du scrutin communal, mais il est indéniable que les Centres Régionaux d’Intégration avaient fait, de cette actualité, un objectif majeur de leur plan d’activités 2012. Auteurs d’une campagne de sensibilisation intitulée « Ma commune, j’y vis, j’y vote » et orchestrée sur plusieurs mois jusqu’à l’échéance fatidique de la clôture des inscriptions, le 31 juillet, ils ont multiplié les supports et les approches pour que l’électorat concerné soit à la fois informé sur ce thème et sensibilisé à cet enjeu.
Au niveau des outils de communication, plus de 300.000 flyers ont été édités et distribués tant par courrier que par le biais d’associations et d’institutions comme les communes. Par ailleurs, 15.000 affiches ont été apposées et 70.000 brochures à caractère pédagogique baptisées « Passeport de l’électeur » ont été diffusées directement ou mises à disposition de différents opérateurs, comme les écoles, les bibliothèques, les maisons de quartier, etc. Une édition en langue allemande de ces outils a été spécialement réalisée à l’intention de la partie germanophone du pays.
La tenue de cette campagne a été abondamment relayée dans la presse, tout au long de sa durée. Elle a, de plus, été complétée par une présence médiatique ciblée tant en télévision, via la diffusion d’un clip de vingt secondes sur les chaînes de télévision locales, qu’en radio par le passage d’un spot d’information sur l’antenne de Radio Contact. Mais l’essentiel du travail de fond des Centres Régionaux d’Intégration a concerné l’animation de terrain menée via leurs réseaux permanents de contact ou au sein des associations. Une lame de fond qui a traversé toute la Wallonie et qu’un chiffre éclaire d’un jour tout à fait particulier : après le démarrage de la campagne « Ma commune, j’y vis, j’y vote », le nombre d’électeurs non européens inscrits a fait un bond en avant de… 65%. Même s’il faut interpréter ce chiffre avec prudence en l’absence de lien formellement établi entre inscriptions des électeurs étrangers et campagne de sensibilisation des Centres régionaux, il constitue, à lui seul, une formidable victoire !
Dominique Watrin,
Chargé de communication du DISCRI
Le Centre de documentation du CRIC met à votre disposition l’ensemble des statistques sur l’Arrondissement de Charleroi : inscriptions au registre des électeurs selon la nationalité, comparaison avec les communales de 2006, taux d’inscriptions selon les villes, cartographie… Tél : 071 / 20.98.60.